2013-2014 La puissance imaginaire

La puissance imaginaire

Magie et sciences humaines

Xavier Papaïs

 

Séminaire de recherche à l’Ecole Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris.

Après huit ans d'approche de la fonction magique, depuis les disciplines qui la croisent (philosophie, clinique, ethnologie, linguistique), on souhaite ramasser l’enquête pour une théorie de la puissance symbolique.

Cette année, on propose une lecture synthétique de la pensée humienne, comme celle-ci a maintes fois fourni leur socle aux sciences humaines : pour la religion (de Tylor et Nietzsche à Lévi-Strauss), la critique sociale (de Marx à Castoriadis), la clinique (d’Esquirol à Deleuze), la théorie du symbole (des romantiques à Cassirer et Wittgenstein).

Chez Hume, c'est un thème central que « la puissance imaginaire », en deux sens qu'il ne cesse de tresser. En premier lieu : décrire l'imagination constituante, matrice de la "nature humaine", comme puissance d'invention et d'artifice. En second lieu : mener une critique de la notion de force, décrite comme l’issue d’un geste fantastique. De là, un scepticisme redoutable, dans l’analyse des idées métaphysiques (substance, causalité, nécessité) ou religieuses (divinité, autorité, sacralité, superstition, fanatisme). Déconstruire les mythes de la force, c’est démonter les fictions de puissance : en politique, dans la sphère du sacré, ou tout champ d’autorité.

On propose d’interpréter ce double geste, et son unité dialectique. D'abord : comment la fancy, cette puissance primitive (peut-être insaisissable), donne son premier contenu à toute notion de force ou d’influence. C'est l'objet d’analyses célèbres : causalité, autorité, coutumes, sympathies sociales. Ensuite : comment ce pli de la force sur la fiction permet justement une réappropriation de la puissance comme production imaginaire.

Ce dégagement concentre aussi tout le combat des Lumières. Scepticisme et luttes libertaires renvoient puissances et pouvoirs à leurs sources fantastiques : frayer les noeuds de puissance, c'est ouvrir les conditions d'une pensée et d’une vie libres. C’est aussi insérer une sagesse littéraire, subtile et teintée d'humour, au cœur même des combats idéologiques. Dès lors, il s’agit de savoir comment, et à quels risques, imaginer le pouvoir.

 

Deux samedis par mois (10h–13h) : Salle Jean Cavaillès (premier étage) ENS, 45 rue d'Ulm 75005 Paris.

Renseignements : CIPh, 1 rue Descartes, 75005 Paris / EHESS, Master « Arts et langages », 105 bd Raspail 75006 Paris / ENS, Cirphles (Ums 3308 du CNRS), 45 rue d'Ulm 75005 Paris.  Sites web : www.ciph.org / www.ehess.fr / www.cirphles.ens.fr /